Statut EI vs SASU fiscalité | Le guide pour bien choisir

Quand vous vous lancez ou que votre activité commence à bien tourner, la question arrive vite : faut-il rester en entreprise individuelle ou créer une société comme une SASU ou une EURL soumise à l’impôt sur les sociétés ? Tout l’enjeu se concentre sur la fiscalité et les cotisations sociales, mais aussi sur la protection de votre patrimoine. Nous allons comparer de manière concrète le statut EI vs SASU fiscalité, en intégrant aussi l’EURL, pour que vous puissiez visualiser ce que vous payez réellement et ce qu’il vous reste en poche selon les régimes. L’objectif n’est pas de faire de vous un fiscaliste, mais de vous donner des repères clairs, des scénarios chiffrés et des critères simples pour choisir la structure qui colle à votre situation.

Entreprise individuelle ou société (SASU/EURL) : quel régime fiscal est le plus avantageux ?

Temps de lecture : ~8 min

  1. Statut EI vs SASU fiscalité : grandes logiques à comprendre
  2. Entreprise individuelle micro ou réel : fonctionnement fiscal et social
  3. Société unipersonnelle EURL ou SASU et impôt sur les sociétés
  4. Exemple chiffré EI micro, EI réel, SASU à l’impôt sur les sociétés
  5. Protection du patrimoine EI, EIRL et société
  6. Comment choisir entre EI, EURL et SASU en pratique
  7. Mini FAQ sur le statut EI vs SASU et la fiscalité
  8. Synthèse et prochaines étapes

Statut EI vs SASU fiscalité : grandes logiques à comprendre

Avant d’entrer dans les chiffres, une idée centrale doit être bien claire.

En entreprise individuelle, y compris en micro-entreprise, il n’y a pas de vraie séparation entre vous et votre activité : le résultat de l’activité est directement imposé entre vos mains à l’impôt sur le revenu. En pratique, tout ce que gagne l’entreprise est considéré comme votre revenu personnel.

En société unipersonnelle (EURL ou SASU à l’impôt sur les sociétés), on sépare deux choses : d’un côté le bénéfice de la société imposé à l’impôt sur les sociétés, de l’autre votre rémunération de dirigeant et éventuellement vos dividendes. Cette dissociation résultat/rémunération ouvre des possibilités d’optimisation : vous pouvez choisir de vous verser plus ou moins de salaire, distribuer ou non des dividendes et laisser une part du bénéfice dans la société pour limiter la fiscalité immédiate.

C’est cette différence de logique qui explique pourquoi, à chiffre d’affaires égal, l’impôt et les cotisations peuvent varier fortement entre EI, EURL et SASU.

Entreprise individuelle micro ou réel : fonctionnement fiscal et social

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EI au régime micro

Le régime micro est très apprécié au démarrage car il est simple : vous payez vos cotisations sociales et vos impôts sur la base du chiffre d’affaires encaissé, sans déduire vos frais réels. Pour l’impôt sur le revenu, l’administration applique un abattement forfaitaire selon votre activité, puis vous êtes imposé sur le reste au barème progressif.

Si vous avez peu de frais, le régime micro peut rester intéressant ; en revanche, si vous supportez des charges importantes (logiciels, déplacements, sous-traitance, loyer de bureau), le micro devient souvent pénalisant car ces charges ne réduisent pas la base imposable. En matière de protection, depuis la réforme récente de l’entrepreneur individuel, votre résidence principale est protégée de droit contre les créanciers professionnels et votre patrimoine professionnel est distinct de votre patrimoine personnel, mais certains risques subsistent en cas de faute de gestion ou de caution personnelle.

EI au réel

Au régime réel, vous tenez une comptabilité complète : votre bénéfice est calculé comme recettes moins charges. Vous pouvez ainsi déduire vos frais professionnels, amortir certains investissements et déduire vos cotisations sociales. Le bénéfice réel est imposé à l’impôt sur le revenu entre vos mains, avec une transparence fiscale totale, mais les cotisations du travailleur non salarié représentent en pratique autour de 40–45 % du revenu professionnel, même si vous retirez peu d’argent.

EI, EIRL et protection du patrimoine

Historiquement, l’EIRL permettait d’affecter un patrimoine professionnel distinct, renforçant la protection des biens personnels. Aujourd’hui, ce statut n’est plus ouvert aux nouvelles créations, mais le nouveau régime de l’entrepreneur individuel intègre cette séparation. Dans les faits, une société comme une SASU ou une EURL reste souvent plus lisible pour vos partenaires, car la séparation entre patrimoine de la société et patrimoine personnel est structurelle.

Société unipersonnelle EURL ou SASU et impôt sur les sociétés

EURL régime par défaut à l’impôt sur le revenu

Par défaut, l’associé unique personne physique d’une EURL est soumis à l’impôt sur le revenu : le bénéfice de la société remonte dans votre déclaration personnelle (BIC ou BNC). Dans ce cas, votre rémunération de gérant n’est pas déductible et le bénéfice sert de base à la fois pour l’impôt sur le revenu et pour les cotisations sociales de travailleur non salarié.

Vous pouvez opter pour l’impôt sur les sociétés, option souvent plus souple mais irréversible à moyen terme.

EURL à l’impôt sur les sociétés

Lorsque l’EURL est soumise à l’impôt sur les sociétés, le bénéfice est d’abord imposé au taux IS, votre rémunération de gérant devient déductible, et les dividendes peuvent être partiellement socialisés au-delà d’un certain seuil. Les cotisations sociales sont plus faibles qu’en SASU (environ 45 % sur la rémunération nette), mais la protection retraite et prévoyance est moins généreuse.

SASU à l’impôt sur les sociétés

La SASU est par défaut soumise à l’IS : taux normal 25 % en 2025, taux réduit 15 % sur les premiers 42 500 € de bénéfice (sous conditions). La rémunération du président réduit le résultat imposable IS, les dividendes versés au seul associé unique échappent aux cotisations sociales (seulement prélèvements sociaux et IR), et sans rémunération il n’y a pas de cotisations sociales, contrairement à l’EURL où un minimum est dû.

La contrepartie est le coût social élevé sur la rémunération : pour obtenir 1 000 € nets, la SASU supporte environ 1 820 € de coût total (82 % de charges).

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SASU à l’impôt sur le revenu

Sous conditions, la SASU peut opter pour l’IR pendant cinq exercices : le bénéfice est alors imposé chez vous au barème progressif, comme en EURL à l’IR. Ce choix est intéressant en phase de pertes ou de bénéfices faibles au démarrage.

Exemple chiffré EI micro, EI réel, SASU à l’impôt sur les sociétés

Hypothèses

Consultant en prestation de services : chiffre d’affaires annuel 80 000 €, frais professionnels réels 20 000 €, bénéfice économique 60 000 € avant impôts et cotisations, célibataire sans autre revenu. On compare : 1) EI micro, 2) EI réel, 3) SASU à l’IS.

Situation 1 : entreprise individuelle au régime micro

Abattement forfaitaire de 34 % → base imposable IR ≈ 52 800 €. Cotisations sociales ≈ 24 % de 80 000 € soit 19 200 €. Sans déduction des frais réels, il reste ≈ 40 800 € avant IR.

Situation 2 : entreprise individuelle au réel

Bénéfice fiscal = 60 000 €. Cotisations TNS ≈ 42 % soit 25 200 €. Après déduction des frais (20 000 €) et cotisations, il reste ≈ 34 800 € avant IR. L’IR porte sur le bénéfice imposable de 60 000 €.

Situation 3 : SASU à l’impôt sur les sociétés

Bénéfice 60 000 €. Rémunération nette versée 30 000 € pour un coût total de 54 600 € (82 % de charges). Résultat imposable IS = 60 000 € – 54 600 € = 5 400 €, IS à 15 % ≈ 810 €. Vous percevez 30 000 € nets, la société conserve ≈ 4 590 € après IS pour réinvestir ou distribuer.

Cet exemple illustre que : en micro, l’abattement forfaitaire peut pénaliser si les frais sont élevés ; en EI réel, le bénéfice est lourdement grevé par cotisations et IR ; en SASU, la société paie peu d’IS si vous vous versez une rémunération significative, mais au prix d’un coût social élevé et d’une meilleure protection sociale.

Protection du patrimoine EI, EIRL et société

La fiscalité ne fait pas tout : la protection de vos biens personnels est un critère majeur. En entreprise individuelle (nouvelle formule), votre résidence principale est protégée et le patrimoine professionnel est distinct, mais vous restez exposé en cas de faute de gestion ou de cautions personnelles. L’EIRL n’est plus ouverte aux nouvelles créations, mais son esprit est repris par le nouveau régime. En SASU ou EURL, la responsabilité est limitée aux apports et le patrimoine de la société est distinct du vôtre, même si les banques demandent souvent une caution personnelle. Si votre activité présente un risque significatif ou si votre patrimoine est déjà conséquent, la société offre un cadre plus protecteur et plus lisible.

Comment choisir entre EI, EURL et SASU en pratique

Pour choisir la structure la mieux adaptée, posez-vous ces questions :

  1. Quel est votre niveau de frais et de marge ? Peu de charges → EI ou micro ; frais importants et bénéfices en hausse → réel ou IS.
  2. Avez-vous besoin de consommer la totalité du bénéfice pour vivre ? Oui → IS moins pertinent ; non → IS (SASU/EURL) offre un levier d’investissement.
  3. Quelle protection sociale souhaitez-vous ? SASU : protection proche du salarié mais charges élevées ; EURL : charges réduites mais prévoyance/retraite à compléter.
  4. Prévoir l’entrée d’associés ou d’investisseurs ? SASU plus flexible et image plus structurée.

Chaque situation familiale, niveau d’autres revenus et profil de consommation/épargne modifie ces seuils de bascule.

Mini FAQ sur le statut EI vs SASU et la fiscalité

Puis-je commencer en micro-entreprise puis passer en SASU plus tard ? Oui. Beaucoup d’entrepreneurs démarrent en micro pour tester, puis créent une SASU ou une EURL quand le CA et les bénéfices grossissent. Anticipez la transition (TVA, contrats, protection sociale).

Le régime micro est-il toujours plus simple et avantageux ? Administrativement oui, mais pas toujours fiscalement. Dès que vos frais réels dépassent l’abattement ou que vos bénéfices sont élevés, le réel peut devenir plus intéressant.

La SASU permet-elle vraiment de ne payer aucune charge sociale si je ne me rémunère pas ? Oui, sans rémunération il n’y a pas de cotisations sociales en SASU. Utile en phase d’investissement, mais vous ne validez pas de droits retraite ou maladie.

Les dividendes sont-ils toujours plus intéressants que le salaire ? Non. Ils ne génèrent pas de droits sociaux et sont soumis à la fiscalité des revenus du capital. Ils complètent une stratégie de rémunération, mais ne remplacent pas un salaire pour la protection sociale.

Faut-il privilégier l’EURL ou la SASU pour optimiser la fiscalité ? Pas de réponse universelle : l’EURL est souvent plus économe en cotisations, la SASU offre plus de souplesse et une meilleure couverture. Votre choix dépend de vos revenus, besoins de protection et projets de développement.

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Synthèse et prochaines étapes

En résumé, l’entreprise individuelle convient pour démarrer, tester ou quand vos bénéfices restent modestes et proches de vos besoins de vie courante. Dès que vous dégagez des bénéfices confortables et pouvez en laisser une partie dans la structure, la société à l’IS (EURL ou SASU) offre des leviers de pilotage fiscal et patrimonial plus puissants. Vous pouvez affiner votre réflexion en vous inspirant d’expériences concrètes d’entrepreneurs (voir cette interview dédiée à la gestion d’entreprise : faciliter la gestion de votre entreprise), puis vous faire accompagner pour simuler vos scénarios et découvrir nos solutions au sein du Parlons Business Club afin de sécuriser vos choix sur la durée.